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L’enfant de Marie

Conte de Grimm
Bruitages & Musiques
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Temps de lecture : 11 minutes

À la lisière d’une grande forêt vivait un bûcheron avec sa femme. Ils n’avaient qu’un seul enfant, une petite fille de trois ans. Ils étaient si pauvres qu’ils n’avaient même plus de quoi se nourrir au quotidien et ne savaient pas comment ils allaient pouvoir nourrir leur fille.

Un matin, le bûcheron, accablé de soucis, partit travailler dans la forêt. Alors qu’il coupait du bois, une belle et grande femme apparut soudainement devant lui. Elle portait une couronne d’étoiles brillantes sur la tête et lui dit : « Je suis la Vierge Marie, la mère de l’Enfant Jésus. Tu es pauvre et dans le besoin. Amène-moi ton enfant, je l’emmènerai avec moi, je serai sa mère et je prendrai soin d’elle. »

Le bûcheron obéit, alla chercher son enfant et la confia à la Vierge Marie, qui l’emmena avec elle au ciel. Là-bas, l’enfant vivait heureuse. Elle mangeait du pain d’épice, buvait du lait sucré, portait des vêtements en or et jouait avec les anges.

Lorsqu’elle eut atteint l’âge de quatorze ans, la Vierge Marie l’appela un jour et lui dit : « Chère enfant, je dois partir pour un long voyage. Je te confie les clés des treize portes du royaume des cieux. Tu peux ouvrir douze d’entre elles et contempler les merveilles qu’elles renferment, mais la treizième, celle qui correspond à cette petite clé, t’est interdite. Garde-toi bien de l’ouvrir, sinon le malheur s’abattra sur toi. »

La jeune fille promit d’obéir. Après le départ de la Vierge Marie, elle commença à explorer les demeures du royaume des cieux. Chaque jour, elle en ouvrait une nouvelle, jusqu’à ce qu’elle ait vu les douze. Dans chacune d’elles se trouvait un apôtre, entouré d’une grande splendeur. La jeune fille était émerveillée par toute cette magnificence, et les anges qui l’accompagnaient toujours partageaient sa joie.

Il ne restait plus que la porte interdite. Elle ressentit alors un grand désir de savoir ce qui se cachait derrière et dit aux anges : « Je ne vais pas l’ouvrir complètement ni y entrer, mais je vais juste la déverrouiller pour que nous puissions jeter un coup d’œil par l’entrebâillement. »

« Oh non », dirent les anges, « ce serait un péché. La Vierge Marie l’a interdit, et cela pourrait causer ton malheur. »

La jeune fille se tut, mais le désir dans son cœur ne se taisait pas. Il la rongeait et la tourmentait, ne lui laissant aucun répit. Un jour, alors que tous les anges étaient sortis, elle pensa : « Maintenant je suis toute seule, je pourrais bien jeter un coup d’œil. Personne ne le saura. »

Elle prit la clé, la mit dans la serrure et la tourna. La porte s’ouvrit brusquement, et elle vit la Trinité assise dans le feu et la gloire. Elle resta un moment immobile, contemplant tout avec étonnement, puis elle effleura légèrement l’éclat du doigt. Aussitôt, son doigt devint tout doré.

Saisie d’une peur intense, elle referma violemment la porte et s’enfuit. La peur ne voulait pas la quitter, quoi qu’elle fasse, et son cœur battait sans cesse, refusant de se calmer. De plus, l’or restait sur son doigt et ne partait pas, peu importe combien elle le lavait et le frottait.

Peu de temps après, la Vierge Marie revint de son voyage. Elle appela la jeune fille et lui demanda de lui rendre les clés du ciel. Lorsqu’elle lui tendit le trousseau, la Vierge la regarda dans les yeux et demanda : « N’as-tu pas ouvert la treizième porte ? »

« Non », répondit-elle.

La Vierge posa sa main sur le cœur de la jeune fille, sentit comme il battait fort, et comprit qu’elle avait désobéi à son ordre et ouvert la porte. Elle demanda une deuxième fois : « Es-tu sûre de ne pas l’avoir fait ? »

« Non », dit à nouveau la jeune fille.

La Vierge remarqua alors le doigt devenu doré au contact du feu céleste, et comprit qu’elle avait péché. Elle demanda une troisième fois : « Ne l’as-tu vraiment pas fait ? »

« Non », répondit la jeune fille pour la troisième fois.

Alors la Vierge Marie dit : « Tu ne m’as pas obéi et tu as menti. Tu n’es plus digne de rester au ciel. »

La jeune fille sombra dans un profond sommeil. À son réveil, elle se retrouva sur terre, au milieu d’une contrée sauvage. Elle voulut appeler, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Elle se leva et voulut s’enfuir, mais où qu’elle se tourne, elle était retenue par d’épaisses haies d’épines qu’elle ne pouvait traverser.

Dans cette solitude où elle était enfermée, il y avait un vieil arbre creux qui devint sa demeure. Elle s’y réfugiait la nuit pour dormir, et quand il y avait de l’orage et de la pluie, elle y trouvait un abri. Mais c’était une vie misérable, et quand elle pensait à la beauté du ciel et aux jeux avec les anges, elle pleurait amèrement.

Elle se nourrissait de racines et de baies sauvages qu’elle trouvait aux alentours. À l’automne, elle ramassait les feuilles et les noix tombées et les emportait dans sa cachette. Les noix étaient sa nourriture en hiver, et quand la neige et la glace arrivaient, elle se blottissait comme un pauvre animal dans les feuilles pour ne pas geler.

Ses vêtements s’usèrent rapidement et tombèrent en lambeaux. Dès que le soleil brillait à nouveau chaudement, elle sortait et s’asseyait devant l’arbre, ses longs cheveux la couvrant de tous côtés comme un manteau. Elle passa ainsi une année après l’autre, ressentant la misère et la souffrance du monde.

Un jour, alors que les arbres étaient à nouveau en pleine floraison, le roi du pays chassait dans la forêt. Il poursuivait un chevreuil qui s’était réfugié dans le bosquet entourant la clairière où vivait la jeune fille. Le roi descendit de cheval, écarta les broussailles et se fraya un chemin avec son épée. Lorsqu’il réussit enfin à traverser, il vit une magnifique jeune fille assise sous l’arbre, couverte de ses cheveux dorés de la tête aux pieds.

Il s’arrêta, stupéfait, puis s’adressa à elle : « Qui es-tu ? Pourquoi es-tu assise ici, dans ce lieu isolé ? » Mais elle ne put répondre, car sa bouche restait fermée. Le roi poursuivit : « Veux-tu venir avec moi dans mon château ? » Elle hocha légèrement la tête. Le roi la prit dans ses bras, la porta sur son cheval et l’emmena chez lui.

Arrivé au château royal, il lui fit donner de beaux vêtements et la combla de tout. Bien qu’elle ne pût parler, elle était si belle et si gracieuse qu’il s’éprit d’elle de tout son cœur. Peu de temps après, il l’épousa.

Environ un an plus tard, la reine donna naissance à un fils. Cette nuit-là, alors qu’elle était seule dans son lit, la Vierge Marie lui apparut et dit : « Si tu veux dire la vérité et avouer que tu as ouvert la porte interdite, je t’ouvrirai la bouche et te rendrai la parole. Mais si tu persistes dans ton péché et nies obstinément, j’emporterai ton nouveau-né avec moi. »

La reine put répondre, mais elle resta obstinée et dit : « Non, je n’ai pas ouvert la porte interdite. » La Vierge Marie prit alors l’enfant nouveau-né dans ses bras et disparut.

Le lendemain matin, quand on ne put trouver l’enfant, des rumeurs commencèrent à circuler parmi les gens, accusant la reine d’être une ogresse qui aurait dévoré son propre enfant. Elle entendait tout mais ne pouvait rien dire pour sa défense. Le roi, cependant, refusait de croire ces rumeurs car il l’aimait tellement.

Un an plus tard, la reine donna naissance à un autre fils. La nuit, la Vierge Marie apparut de nouveau et dit : « Si tu avoues avoir ouvert la porte interdite, je te rendrai ton enfant et délierai ta langue. Mais si tu persistes dans ton péché et nies, j’emporterai aussi ce nouveau-né avec moi. » La reine répondit à nouveau : « Non, je n’ai pas ouvert la porte interdite. » La Vierge prit l’enfant dans ses bras et l’emporta au ciel.

Le matin, quand l’enfant avait de nouveau disparu, les gens dirent ouvertement que la reine l’avait dévoré, et les conseillers du roi exigèrent qu’elle soit jugée. Mais le roi l’aimait tant qu’il ne voulait pas y croire et ordonna à ses conseillers, sous peine de mort, de ne plus jamais en parler.

L’année suivante, la reine donna naissance à une belle petite fille. Pour la troisième fois, la Vierge Marie lui apparut la nuit et dit : « Suis-moi. » Elle la prit par la main et la conduisit au ciel, où elle lui montra ses deux fils aînés, qui riaient et jouaient avec le globe terrestre.

Comme la reine se réjouissait de les voir, la Vierge Marie dit : « Ton cœur n’est-il toujours pas attendri ? Si tu avoues avoir ouvert la porte interdite, je te rendrai tes deux fils. » Mais la reine répondit pour la troisième fois : « Non, je n’ai pas ouvert la porte interdite. »

La Vierge la fit alors redescendre sur terre et lui prit aussi son troisième enfant.

Le lendemain matin, quand la nouvelle se répandit, tous les gens s’écrièrent : « La reine est une ogresse, elle doit être condamnée ! » Et le roi ne put plus retenir ses conseillers. Un procès fut organisé, et comme elle ne pouvait ni répondre ni se défendre, elle fut condamnée à être brûlée sur le bûcher.

Le bois fut rassemblé, et alors qu’elle était attachée au poteau et que le feu commençait à brûler tout autour d’elle, la glace de l’orgueil fondit et son cœur fut touché par le remords. Elle pensa : « Si seulement je pouvais avouer avant ma mort que j’ai ouvert la porte ! » Soudain, sa voix lui revint et elle s’écria : « Oui, Marie, je l’ai fait ! »

À cet instant, une pluie commença à tomber du ciel, éteignant les flammes. Une lumière apparut au-dessus d’elle, et la Vierge Marie descendit, avec les deux fils à ses côtés et la petite fille nouveau-née dans ses bras. Elle lui parla avec bonté : « Celui qui se repent de ses péchés et les avoue est pardonné. » Elle lui rendit ses trois enfants, délia sa langue et lui accorda le bonheur pour le reste de sa vie.

FIN

 

Leçons et morale:

 

  1. L’importance de l’obéissance et de la confiance : Le conte souligne l’importance de suivre les règles établies par une figure d’autorité bienveillante (ici, la Vierge Marie). La désobéissance de la jeune fille conduit à de graves conséquences.
  2. Les dangers de la curiosité excessive : Bien que la curiosité soit naturelle, le conte met en garde contre une curiosité qui pousse à transgresser des limites clairement établies. Il montre que certaines connaissances ou expériences peuvent avoir un coût élevé.
  3. Les conséquences du mensonge : Le récit illustre comment un mensonge initial peut conduire à une spirale de tromperies, aggravant la situation. La jeune fille aurait pu être pardonnée si elle avait avoué immédiatement, mais son obstination à mentir a prolongé et intensifié sa punition.
  4. Le pouvoir du repentir et du pardon : Malgré la gravité des actions de la protagoniste, le conte montre qu’il n’est jamais trop tard pour se repentir. La confession sincère, même au dernier moment, conduit au pardon et à la rédemption.
  5. La croissance à travers l’adversité : Les épreuves que traverse la jeune fille, bien que sévères, peuvent être vues comme un processus de maturation. Elle passe de l’innocence insouciante à une compréhension plus profonde des conséquences de ses actes.
  6. La tension entre la curiosité et l’obéissance : Ce conte explore le conflit classique entre le désir de connaissance et le respect des règles établies, un thème que l’on retrouve dans de nombreux mythes et contes (comme l’histoire d’Adam et Ève).
  7. L’importance de la vérité : Le conte souligne que dire la vérité, même si cela est difficile ou effrayant, est ultimement la meilleure voie à suivre.
  8. La miséricorde divine : Dans un contexte chrétien, ce conte illustre la croyance en un Dieu (représenté ici par la Vierge Marie) qui, bien que juste, est également miséricordieux et prêt à pardonner à ceux qui se repentent sincèrement.
  9. Les conséquences à long terme de nos actions : L’histoire montre comment une seule décision peut avoir des répercussions durables sur notre vie et celle de nos proches.
  10. La valeur de l’honnêteté dans les relations : Le conte souligne l’importance de l’honnêteté dans les relations, qu’elles soient avec des figures d’autorité, des êtres aimés ou la société en général.

Ces enseignements, bien qu’ancrés dans un contexte religieux et moral traditionnel, offrent des réflexions qui peuvent être pertinentes dans un contexte contemporain, notamment sur l’intégrité personnelle, la responsabilité de nos actes et l’importance de reconnaître nos erreurs.

FIN

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