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Conte pour petits et grands à partir de 4 ans.

Temps de lecture : 15 minutes

Conte populaire russe. Version modernisée par Contesdefees.com.

Il était une fois un vieil homme veuf qui vivait seul dans une hutte avec sa fille Natasha. Ils étaient heureux jusqu’à ce que le vieil homme décide de se remarier.

La nouvelle femme menait la vie dure à la petite fille. Plus de pain et de confiture sur la table, plus de jeu de cache-cache autour du samovar pendant l’heure du thé. C’était même pire que ça,  car elle n’avait plus du tout le droit de prendre le thé. La belle-mère disait que les petites filles ne devraient pas prendre de thé, et encore moins manger du pain avec de la confiture. Elle lançait à la fille un morceau de pain et lui ordonnait de sortir dans la cour pour manger. Ensuite, la belle-mère commença à convaincre son mari que tout ce qui n’allait pas était de la faute de la fille. Et le vieil homme croyait sa nouvelle épouse, pensant pouvoir lui faire confiance. La pauvre Natasha restait seule dans la cour, mouillant la croûte de pain sec avec ses larmes et la mangeant toute seule dans le froid. Ensuite, elle entendait la belle-mère lui crier d’entrer et de laver les ustensiles à thé, ranger la maison, brosser le sol et nettoyer les bottes pleines de boue.

Un jour, la belle-mère décida qu’elle ne pouvait plus supporter Natasha une minute de plus. Mais comment faire pour se débarrasser d’elle pour de bon ? Alors elle se souvint de sa sœur, la terrible sorcière Baba Yaga aux jambes squelettiques, qui vivait dans la forêt. Et un horrible plan commença à se former dans sa tête.

Le lendemain matin, le vieil homme s’en alla rendre visite à des amis du village voisin. Dès que le vieil homme fut hors de vue, la méchante belle-mère appela Natasha.

« Va chez ma sœur, ta chère petite tante, qui habite dans la forêt, dit-elle, et demande-lui une aiguille et du fil pour raccommoder une chemise.

« Mais nous avons une aiguille et du fil », dit Natasha en tremblant, car elle savait que sa tante était Baba Yaga, la sorcière, et qu’aucun enfant qui s’approchait d’elle n’était jamais revenu.

« Tait-toi et obéi ! », cria la belle-mère, en grinçant des dents, faisant comme un bruit de pinces qui claquent.

« Comment la trouverai-je ? » dit Natasha en tremblant. Elle avait entendu dire que Baba Yaga poursuivait ses victimes en volant dans un mortier et un pilon géants, et qu’elle avait des dents de fer avec lesquelles elle mangeait les enfants.

La belle-mère saisi le nez de la petite fille et le pinça.

« C’est ton nez, » dit-elle. « Peux tu le sentir? »

— Oui, murmura la pauvre fille.

« Tu suivras la route dans la forêt jusqu’à ce que tu arrives à un arbre tombé, » dit la belle-mère, « puis tu tourneras à gauche, et tu suivras ton nez pour trouver ta tante. Maintenant, vas-y, paresseuse! ». Elle fourra dans la main de la jeune fille un mouchoir dans lequel elle avait mis quelques morceaux de pain rassis, du fromage et quelques morceaux de viande.

Natasha se retourna et regarda sa belle-mère à la porte, les bras croisés, la dévisageant. Elle ne pouvait rien faire d’autre que d’obéir et partir dans la forêt.

Elle marcha le long de la route à travers la forêt jusqu’à ce qu’elle arrive à l’arbre tombé. Puis elle tourna à gauche. Son nez lui faisait toujours mal là où la belle-mère l’avait pincé, alors elle savait qu’elle devait continuer tout droit.

 

Finalement, elle arriva à la hutte de Baba Yaga, la sorcière aux jambes squelettiques. La hutte étaient entourée d’une barrière très haute. Elle poussa la grille d’entrée qui s’ouvrit en grinçant misérablement, comme si cela lui faisait mal de bouger. Natasha remarqua un bidon d’huile rouillé sur le sol.

« Quelle chance », dit-elle, remarquant qu’il restait de l’huile dans le bidon. Et elle versa les gouttes d’huile restantes dans les gonds de la grille.

À l’intérieur de l’enclos se trouvait la hutte de Baba Yaga. Elle ne ressemblait à aucune autre hutte qu’elle eu jamais vue, car elle se tenait sur des pattes de poule géantes et marchait dans la cour. Alors que Natasha s’approchait, la maison se retourna pour lui faire face et il lui sembla que ses fenêtres étaient des yeux et sa porte une bouche. Une servante de Baba Yaga se tenait dans la cour. Elle pleurait amèrement à cause des tâches que la sorcière lui avait confiées et s’essuyait les yeux sur son jupon.

« Quelle chance que j’ai un mouchoir. » Dit Natasha. Elle dénoua son mouchoir, le secoua pour le nettoyer et mit soigneusement les morceaux de nourriture dans ses poches. Elle donna le mouchoir à la servante de Baba Yaga, qui s’essuya les yeux dessus et sourit à travers ses larmes.

Près de la hutte se tenait un chien énorme, très maigre, qui rongeait un vieil os.

« Quelle chance que j’aie du pain et de la viande. » Dit la petite fille. Cherchant dans sa poche ses morceaux de pain et de viande, Natasha dit au chien : « J’ai bien peur que ce soit un peu rassis, mais c’est mieux que rien, j’en suis sûr. Et le chien l’avala aussitôt et se lécha les lèvres.

Natasha atteignit la porte de la hutte. Tremblante, elle frappa un coup.

« Entrez, » couina une horrible voix.

La petite fille entra. Là était assis Baba Yaga, la sorcière aux jambes squelettiques, assise à tisser sur un métier à tisser. Dans un coin de la hutte, un chat noir maigre observait un trou de souris.

« Bonjour ma tante, » dit Natasha, essayant de ne pas montrer sa peur.

« Bonne journée à vous, ma nièce, » dit Baba Yaga.

« Ma belle-mère m’a envoyé vous demander une aiguille et du fil pour raccommoder une chemise. »

« Vraiment ? » sourit la sorcière ironiquement en montrant ses dents de fer, car elle savait combien sa sœur détestait sa belle-fille. « Assis-toi ici au métier à tisser et continue mon tissage, pendant que je vais chercher l’aiguille et le fil.

La petite fille s’assit au métier à tisser et commença à tisser.

Baba Yaga chuchota à sa servante : « Écoute-moi ! Prépare un bain très chaud et lave ma nièce. Frotte-la. Je vais en faire un délicieux repas. »

Alors que la servante entrait chercher la cruche pour remplir l’eau du bain, Natasha dit: « Je vous en prie, s’il vous plaît ne soyez pas trop rapide pour faire le feu, et s’il vous plaît, portez l’eau du bain dans une passoire, afin que l’eau puisse s’écouler. » La servante ne dit rien mais elle mit en effet beaucoup de temps à préparer le bain.

Baba Yaga s’approcha de la fenêtre et dit de sa voix la plus douce : « Est-ce que tu tisses, petite nièce ? Est-ce que tu tisses, ma jolie ?

« Je tisse, ma tante », répondit Natasha.

Lorsque Baba Yaga s’éloigna de la fenêtre, la petite fille parla au chat noir affamé qui surveillait le trou de souris.

« Black Cat » Henriette Ronner Knip

« Que fais-tu? »

« J’attends une une souris », répondit le pauvre chat. « Je n’ai pas mangé depuis trois jours. »

« Quelle chance ! », dit Natasha, « il me reste du fromage ! » Et elle donna son fromage au chat noir, qui l’englouti d’une bouchée. Puis il dit : « Petite fille, veux-tu sortir d’ici ?

« Oh, mon chaton chéri, » dit Natasha, « bien sûr que j’aimerai sortir d’ici ! Car je crains que Baba Yaga essaie de me manger avec ses dents de fer. »

« C’est exactement ce qu’elle a l’intention de faire », dit le chat. « Mais je sais comment t’aider. »

Juste à ce moment, Baba Yaga revenait à la fenêtre.

« Tu tisses, petite nièce ? » Demanda t-elle. « Tu tisses, ma jolie ?

« Je tisse, ma tante », dit Natasha, tandis que le métier à tisser faisait cliquetis, cliquetis, cliquetis.

Baba Yaga s’éloigna à nouveau.

Le chat chuchota à Natasha : « Il y a un peigne sur le tabouret et il y a une serviette pour ton bain. Tu dois les prendre tous les deux et courir pendant que Baba Yaga est encore dans le bain. Baba Yaga te poursuivra. Quand elle le fera, tu jetteras la serviette derrière toi, et elle se transformera en une grande et large rivière. Il lui faudra un peu de temps pour s’en remettre. Quand elle franchira la rivière, tu jetteras la le peigne derrière toi. Il se transforma en une forêt tellement impénétrable qu’elle ne la traversera jamais.  »

« Mais elle entendra le métier à tisser s’arrêter », répondit Natasha, « et elle saura que je suis parti. »

« Ne t’inquiète pas, je m’en occupe », dit le maigre chat noir.

Le chat prit la place de Natasha au métier à tisser.

Cliquetis clac, cliquetis clac; le métier à tisser ne s’était jamais arrêté un instant.

Natasha vérifia que Baba Yaga était toujours dans le bain, puis elle sauta hors de la hutte.

Le gros chien bondit pour la mettre en pièces. Mais au moment où il allait lui sauter dessus, il la reconnu et s’arrêta.

« Tu es la petite fille qui m’a donné le pain et la viande », dit-il. « Bonne chance à toi, petite fille », et il s’allongea la tête entre les pattes. Elle lui caressa la tête et lui gratta les oreilles.

Quand elle arriva à la grille, elles s’ouvrit doucement, doucement, sans faire le moindre bruit, grâce à l’huile qu’elle avait versée auparavant dans ses gonds.

Alors, elle se mit à courir de toutes ses forces!

Pendant ce temps, le maigre chat noir était assis au métier à tisser. Cliquetis clac, cliquetis clac, chantait le métier à tisser grâce au chat qui tissais et s’emmêlait dans les fils en désordre.

Baba Yaga revint alors à la fenêtre.

« Tu tisses, petite nièce ? » demanda-t-elle d’une voix aiguë. « Tu tisses, ma jolie ?

« Je tisse, ma tante, » dit le mince chat noir, emmêlant et emmêlant le fil, tandis que le métier à tisser faisait cliquetis, cliquetis, cliquetis.

« Ce n’est pas la voix de mon dîner », s’écria Baba Yaga, et elle sauta dans la hutte en faisant grincer ses dents de fer. Derrière le métier à tisser, elle ne vit pas de petite fille, mais seulement le pauvre chat noir, tout emmêlé dans les fils !

« Grrr! » dit Baba Yaga, et elle sauta sur le chat. « Pourquoi n’as-tu pas arraché les yeux de la petite fille ?

Le chat retroussa sa queue et arqua son dos. « Durant toutes ces années que je t’ai servi, tu ne m’as donné que de l’eau et tu m’as fait chasser pour mon dîner. La petite fille m’a donné du vrai fromage. »

Baba Yaga était folle de rage. Elle attrapa le chat et le secoua de toutes ses forces. Alors, se tournant vers la servante, elle la saisi par le col, et cria : « Pourquoi as-tu mis si longtemps à préparer le bain ?

« Ah ! » trembla la servante, « Durant toutes ces années que je t’ai servi, tu ne m’as jamais offert ne serait-ce qu’un chiffon, alors que la petite fille m’a donné un joli mouchoir. »

Baba Yaga la maudit et se précipita dans la cour.

Voyant la grille grande ouverte, elle cria : « Grille! Pourquoi n’as-tu pas couiné quand elle t’a ouvert ? »

« Ah ! » dit la grille, « Durant toutes ces années que je t’ai servi, tu n’as jamais daigné me verser ne serait-ce qu’une goutte d’huile sur les gonds, et je grinçais tous les jours pour ma plus grande honte. La petite fille m’a huilé et grâce à elle je peux maintenant m’ouvrir et me fermer sans un bruit. »

Baba Yaga claqua la grille. Se retournant, elle pointa son long doigt vers le chien. « Toi! » cria t-elle, « pourquoi ne l’as tu pas mis en pièces quand elle est sortie en courant de la maison? »

« Ah ! » dit le chien, « Durant toutes ces années que je t’ai servi, tu ne m’as jamais jeté autre chose qu’une vieille croûte d’os, mais la petite fille m’a donné de la vraie viande et du vrai pain. »

Baba Yaga se précipita dans la cour, les maudissant et les frappant tous, tout en criant à tue-tête.

Puis elle sauta dans son mortier géant. Battant le mortier avec un pilon géant pour le faire aller plus vite, elle s’envola dans les airs et rattrapa bientôt Natasha en fuite.

Là, loin devant elle au sol, elle aperçut la jeune fille courant à travers les arbres, trébuchant et regardant avec effroi par-dessus son épaule.

« Tu ne m’échapperas pas! » dit Baba Yaga en riant horriblement et elle dirigea son mortier volant droit vers la petite fille.

Natasha courait plus vite qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant. Bientôt, elle put entendre le mortier de Baba Yaga cogner sur le sol derrière elle et ses dents de métal grincer d’un bruit strident. Désespérément, elle se souvint des paroles du maigre chat noir et jeta la serviette derrière elle sur le sol. La serviette devint de plus en plus grosse, de plus en plus humide, et bientôt une rivière large et profonde se dressa entre la petite fille et Baba Yaga.

Natasha continua à courir. Oh, comme elle courait ! Lorsque Baba Yaga atteint le bord de la rivière, elle cria plus fort que jamais et jeta son pilon sur le sol, car elle savait qu’elle ne pouvait pas survoler une rivière enchantée. De rage, elle s’envola vers sa maison à pattes de poule. Là, elle rassembla toutes ses vaches et les conduisit à la rivière.

« Buvez, buvez! » leur cria t-elle, et les vaches burent toute la rivière jusqu’à la dernière goutte. Ensuite, Baba Yaga sauta à nouveau dans son mortier géant et survola le lit asséché de la rivière pour poursuivre sa proie.

Natasha avait pris de l’avance en courant, et elle pensait enfin être libérée de la terrible sorcière. Mais son cœur se glaça de terreur quand elle vit à nouveau fondre sur elle la silhouette sombre depuis le ciel et entendit les dents de fer grincer horriblement.

« Cette fois c’est la fin pour moi! » se désespéra t-elle. Puis elle se souvint soudain de ce que le chat avait dit à propos du peigne.

Natasha jeta le peigne derrière elle, et le peigne devint de plus en plus gros, et ses dents se transformèrent en une épaisse forêt, si épaisse que même Baba Yaga ne pouvait y entrer.

La sorcière aux jambes d’os, grinça des dents et hurla de rage et de frustration, et s’en retourna finalement vers sa hutte à pattes de poule.

La petite fille fatiguée, arriva finalement à la maison.

Elle avait peur d’entrer et de voir sa méchante belle-mère. Alors, au lieu d’entrer, elle attendit dehors dans le hangar.

Quand elle vit passer son père, elle courut vers lui.

« Où étais-tu? » cria son père. « Et pourquoi ton visage est-il si rouge ?

La belle-mère blêmit quand elle vit la petite fille, elle n’en croyait pas ses yeux et ses dents grincèrent au point de se casser.

Mais Natasha n’avait pas peur, et elle courut jusqu’à son père et monta sur ses genoux. Elle lui raconta tout ce qui s’était passé. Lorsque le vieil homme apprit que la belle-mère avait envoyé sa fille se faire manger par Baba Yaga, la sorcière, il était tellement en colère qu’il la chassa de la hutte et ne la laissa jamais revenir.

À partir de ce moment-là, il prit lui-même bien soin de sa fille et ne laissa plus personne s’interposer entre eux.

Autour de la table à nouveau remplie de pain et de confiture, le père et la fille jouèrent à nouveau à cache-cache derrière le samovar, et vécurent heureux pour toujours.

FIN

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