Les Jambières de Feu
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Les Jambières de Feu
Il y avait eu un changement soudain dans le temps. Une pluie froide tombait, et la nuit arrivait tôt lorsque les nuages se faisaient bas. Les enfants adoraient un feu vif, et ce soir-là, le tipi de War Eagle était aussi lumineux que le jour. Au loin, sur les plaines, un loup hurlait, et la pluie tambourinait sur le tipi comme si elle n’allait jamais s’arrêter. C’était une nuit splendide pour raconter des histoires, et War Eagle remplit et alluma la grande pipe en pierre, pendant que les enfants s’installaient confortablement autour du feu.
Une étincelle jaillit des bûches enflammées et tomba sur la jambe nue de Fine Bow. Ils rirent de bon cœur des gestes du garçon pour se débarrasser du charbon brûlant ; et dès que les rires cessèrent, War Eagle posa la pipe de côté. La pipe d’un Indien est grande à regarder, mais contient peu de tabac.
« Voyez-vous vos ombres sur le mur du tipi ? » demanda le vieil homme. Les enfants dirent qu’ils les voyaient, et il continua : « Un jour, je vous raconterai une histoire à leur sujet, et comment elles ont attiré les flèches de nos ennemis, mais ce soir je vais vous parler des grandes jambières de feu.
« C’était bien avant qu’il n’y ait des hommes et des femmes sur terre, mais mon grand-père m’a raconté ce que je vais vous dire maintenant.
« La lumière grise qui cache les étoiles de la nuit s’insinuait à travers les forêts, et le vent que le soleil envoie pour avertir les gens de sa venue soufflait parmi les cimes des sapins. Les fleurs, sur leurs tiges fines, inclinaient leurs têtes par respect pour le maître du vent héraut, et du sommet mort d’un pin, le Pic flamboyant battait son tambour et appelait : ‘le Soleil est éveillé – vive le Soleil !’
« Puis les oiseaux des buissons commencèrent à chanter la chanson du matin, et les rouges-gorges se joignirent à eux depuis les aulnes, jusqu’à ce que tous les êtres vivants soient éveillés par la grande musique. Là où les grandes fougères croissaient, la Biche éveillait ses Faons, et leur apprenait à rendre hommage à la Grande Lumière. Dans les ruisseaux, là où l’eau était calme et claire, et où tout au long de la journée, comme un délicat damasquinage, les ombres des feuilles pendantes se reflétaient, la Truite tachetée brisait la surface de l’étang dans sa joie du jour à venir. Les écureuils des pins criaient joyeusement et proclamaient haut et fort ce que le vent leur avait dit ; et toutes les ombres se préparaient pour un grand voyage vers les collines de sable, où habitent les peuples fantômes.
« Sous un grand épicéa, là où le sol était doux et sec, le Vieil Homme dormait. La joie qui ébranlait la création ne le dérangeait pas, bien que le Soleil fût proche. Les oiseaux le regardaient en se demandant pourquoi il dormait, mais l’écureuil des pins escalada le grand épicéa avec une pomme de pin dans la bouche. Rapidement, il courut sur la branche qui s’étendait au-dessus du Vieil Homme, et laissa tomber la pomme de pin sur son visage. Puis il gronda le Vieil Homme en disant : ‘Lève-toi – lève-toi – paresseux – paresseux – lève-toi – lève-toi.’
« Se frottant les yeux avec colère, le Vieil Homme se redressa et vit le Soleil arriver – ses jambières de chasse traversant les fourrés – les mettant en feu, jusqu’à ce que tous les cerfs et les élans sortent à découvert pour chercher un nouvel abri.
« ‘Ho, Soleil !’ cria le Vieil Homme, ‘ce sont de puissantes jambières que tu portes. Pas étonnant que tu sois un grand chasseur. Tes jambières mettent le feu à tous les fourrés, et à la lumière, tu peux facilement voir les Cerfs et les Élan ; ils ne peuvent pas se cacher. Ho ! Donne-les-moi et je serai alors le grand chasseur et je n’aurai jamais faim.’
« ‘Bien,’ dit le Soleil, ‘prends-les, et laisse-moi te voir porter mes jambières.’
« Le Vieil Homme était heureux dans son cœur, car il était paresseux, et maintenant il pensait pouvoir tuer le gibier sans beaucoup d’effort, et qu’il pouvait être un grand chasseur — aussi grand que le Soleil. Il mit les jambières et commença aussitôt à chasser les fourrés, car il avait faim. Très vite, les jambières commencèrent à brûler ses jambes. Plus il avançait, plus elles devenaient chaudes, jusqu’à ce qu’il crie de douleur au Soleil de venir reprendre ses jambières ; mais le Soleil ne l’entendit pas. Le Vieil Homme courait de plus en plus vite à travers le pays, mettant le feu aux broussailles et à l’herbe sur son passage. Finalement, il arriva à une grande rivière et sauta dedans. Sizzzz — fit l’eau, quand les jambes du Vieil Homme la touchèrent. Elle cria, comme elle le fait lorsqu’elle est aspergée sur des pierres chaudes dans le sweat-lodge, car les jambières étaient très chaudes. Mais en se tenant dans l’eau fraîche, le Vieil Homme enleva les jambières et les jeta sur la rive, où le Soleil les retrouva plus tard dans la journée.
« Les habits du Soleil étaient trop grands pour le Vieil Homme, et son travail trop immense.
« Nous ne devrions jamais demander à faire les choses que Manitou n’a pas voulu que nous fassions. Si nous gardons toujours cela en tête, nous ne nous mettrons jamais dans le pétrin.
« Soyez toujours vous-mêmes. C’est ce que Manitou a voulu. Ne blâmez jamais le Loup pour ce qu’il fait. Il a été créé pour faire de telles choses. Maintenant, je veux que vous alliez dans les tipis de vos pères et que vous dormiez. Demain soir, je vous dirai pourquoi il y a tant de serpents dans le monde. Ho ! »
FIN
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