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Conte pour petits et grands à partir de 3 ans.

Temps de lecture : 9 minutes

Adaptation para CDF du texte original de Charles Perrault avec les illustrations de M. Fauron

Il était une fois, dans un village, une petite fille, si jolie et si gentille, que tous ceux qui la connaissaient l’aimaient. Sa mère l’adorait, et sa grand’mère encore plus, si cela est possible.

La vieille dame lui avait fabriqué une cape de couleur rouge ou chaperon. La couleur et la forme de cette cape allaient si bien à la fillette qu’elle s’en habillait tout le temps ; et bientôt, tout le monde aux alentours ne la connut plus que sous le nom de petit Chaperon Rouge.

Un jour, la maman du petit Chaperon Rouge avait fait de belles galettes dorées. Elle appela sa petite fille et lui dit :

— J’ai appris que ta grand’mère était malade, va voir comment elle se porte, et donne-lui ce petit pot de beurre frais et cette galette feuilletée;
mais surtout ne t’amuse pas en route; car tu dois revenir avant le coucher du soleil.

 

 

 

L’enfant embrassa sa mère, et partit gaiment, promettant d’ètre bien sage.

La grand’mère du petit Chaperon Rouge vivait dans le hameau voisin. Elle habitait une jolie maison blanche, près d’un moulin.

Pour y arriver, on devait traverser un bois assez grand, et c’etait une agréable promenade.

Chaperon Rouge marchait d’un pas pressé, sa galette sous le bras et son pot de beurre à la main, suivant une clairière qui aboutissait au moulin.

 

À peine avait-elle fait un bout de chemin, qu’elle aperçut compère le Loup.

Justement, il était très affamé et fut ravi de la rencontre.

Il lui aurait été facile de sauter sur le petit Chaperon Rouge pour la dévorer; mais il se dit que, sûrement, les cris de l’enfant attireraient les bûcherons qui travaillaient non loin de là.

Il vaut mieux, pensa-t-il, agir par la ruse.

S’approchant doucement de la petite fille, il prit sa voix la plus aimable, pour lui souhaiter le bonjour; et il ajouta :

— Où allez-vous ainsi, ma belle enfant?

— Je vais chez ma grand’mère, répondit Chaperon Rouge, porter un petit pot de beurre et cette galette que ma mère lui envoie.

— Et où demeure votre grand’mère ? demanda encore le rusé personnage.

— Près du moulin qu’on voit tourner la-bas, riposta la naïve enfant.

— Elle habite ainsi toute seule ? insista le Loup.

— Oui, fit Chaperon Rouge, et maintenant elle est faible et malade.

— Ah! ah! repartit l’animal, très intéressant ! Je vais aller la guérir.

Prenez ce chemin-là, et moi celui-ci, nous verrons lequel de nous deux arrivera le plus vite.

 

 

La fillette entra dans le sentier que lui désignait le Loup.

Elle y aperçut des noisettes qu’elle se mit à croquer.

Puis elle cueillit du chèvrefeuille, qui paraissait fleurir tout exprès à la portée de sa main.

Pendant ce temps, le Loup, certain de n’être plus vu par la petite fille, continua la clairière et, en quelques bonds, atteignit le moulin.

Quand le Chaperon Rouge eut fait un gros bouquet, elle se laissa entrainer à attraper des papillons. Puis elle s’amusa à poursuivre un écureuil, à voir jouer des petits lapins.

Ils étaient si drôles, l’un rongeant une feuille, l’autre faisant sa toilette ! On aurait dit qu’il se frisait la moustache. Chaperon Rouge en rit si fort qu’elle les mit en fuite.

Tandis que le petit Chaperon Rouge flânait tout à son aise, compère le Loup frappait à la porte de la grand’mère.

 

 

— Qui est là? demanda une voix cassée.

— C’est votre petite-fille, Chaperon Rouge, qui vous apporte une galette et un pot de beurre que ma mère vous envoie, répondit le Loup en imitant l’accent de la fillette.

— Tire la chevillette et la bobinette cherra, reprit la voix.

D’un coup de patte, le Loup tira la ficelle, le loquet tomba et la porte s’ouvrit.

Aussitôt, la méchante bête se jeta sur la pauvre vieille femme, qui était dans son lit, et la dévora en deux bouchées.

Puis, mettant son bonnet, il se glissa à sa place sous les couvertures, et attendit.

— Toc! toc! toc! fit-on a la porte au même moment.

— Qui est là? demanda le Loup en imitant la voix enrouée de sa malheureuse victime.

— C’est votre petite-fille, Chaperon Rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma mère vous envoie.

— Tire la chevillette et la bobinette cherra, répliqua le Loup d’une voix cassée.

 

 

Chaperon Rouge obéit et entra, comme le Loup l’avait fait tout à l’heure.

Lorsque le féroce animal l’aperçut, il se cacha sous les draps, de façon à ne laisser voir que ses yeux et son bonnet.

— Grand’maman, comment vous portez-vous ? demanda Chaperon Rouge.

Un grognement lui répondit.

— Vous paraissez bien enrouée, dit encore l’enfant.

— Oui, je suis très enrhumée, prononça la voix nasillarde du Loup. Mets ta galette et le pot de beurre sur la table, continua l’horrible bête, et viens plus près moi.

Le Petit Chaperon Rouge s’approcha du lit.

 

 

Elle fut bien étonnée de voir combien sa grand’mère paraissait changée.

Elle écarta le rideau et s’arrèta effrayée, sans bien savoir pourquoi.

— Sans doute, pensa Chaperon Rouge, c’est ainsi que grand’maman a l’air dans son pijama !

Le Loup, qui jusque-là était resté tourné du côté de la muraille, sortit son museau.

— Oh! ma mère-grand, s’écria Chaperon Rouge, comme vous avez de grands yeux !

— C’est pour mieux te voir, mon enfant, répondit tendrement le Loup.

— Oh ! ma mère-grand, que vous avez un grand nez ! dit la petite fille avec un léger tremblement.

— C’est pour mieux te sentir, mon enfant, répliqua encore le Loup.

— Oh! ma mère-grand, continua Chaperon Rouge, que vous avez de grandes oreilles !

— C’est pour mieux t’entendre, mon enfant.

 

 

— Oh! ma mère-grand, comme vous avez de grands bras!

— C’est pour mieux t’embrasser, mon enfant.

— Oh! ma mère-grand, comme vous avez de grandes jambes !

— C’est pour mieux courir, mon enfant.

— Oh! ma mère-grand, comme vous avez de grandes dents !

— C’est pour mieux te manger !!!!!

En disant ces mots, avec un mauvais rire, le Loup se tourna brusquement sur le petit Chaperon Rouge qui tomba par terre en poussant des cris perçants.

Le Loup voulut sauter sur elle pour la dévorer.

Il trébucha dans la couverture et manqua son coup; mais il se dégagea bientôt et saisit l’enfant dans ses griffes.

— Ah! s’écria l’infernal personnage, tu ne m’échapperas pas!

Et ses crocs s’approchaient de la malheureuse petite fille…

Au même instant, la porte vola en éclats; et un homme armé d’un hâche parut sur le seuil.

Cet homme était le bûcheron, le père du petit Chaperon Rouge.

Il revenait de son travail, lorsqu’il rencontra sa femme accourant à travers le bois, remplie d’inquiétudes : Chaperon Rouge, partie depuis longtemps,
n’était pas encore revenue.

Partageant ces craintes, le bûcheron revint précipitamment sur ses pas, le fusil sur l’épaule, pour chercher son enfant.

L’anxiété du père grandissait au fur et à mesure que l’heure s’écoulait.

Il doublait le pas et appelait en vain. Comme il approchait de la maison de la grand’mère, il entendit des cris aigus.

Plus de doute, c’est la voix de sa petite fille. Le désespoir augmentant son énergie, il ne s’arrète pas à ouvrir la porte mais l’enfonce à l’aide de sa hache. Le Loup terrifié lacha sa proie.

Avant que le féroce animal eût pu se défendre, il tombait la tète fendue d’un seul coup de hache, et baignait dans son sang.

Il était temps.

 

Une minute plus tard, il ne serait rien resté du joli petit Chaperon Rouge…

La pauvrette heureusement n’était que blessée.

Son papa la prit dans ses bras pour la ramener chez lui.

Qu’on juge de la joie de la maman, lorsqu’elle revit sa petite fille, et qu’on lui raconta le danger qu’elle avait couru!

Malheureusment, elle fut bien triste d’apprendre la fin si cruelle de sa pauvre vieille mère.

Longtemps, le petit Chaperon Rouge resta malade de la peur qu’elle avait éprouvée en se sentant sous les griffes de la bête féroce.

Ce fut une rude leçon, qu’elle n’eut garde d’oublier.

Devenue vieille, elle racontait encore son histoire à ses petits-enfants pour les inviter à la prudence.

 

FIN

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